![]() Le paradis fiscal le plus célèbre au monde. Pour les pays dans le milieu des paradis fiscaux, c’est une course vers qui aura le taux d’imposition sur les sociétés le plus bas. L’impôt sur les entreprises à Singapour est de 17 pour cent, 10 pour cent pour Gibraltar et les Iles Cayman se vantent de leur taxation nulle (bien que l’on sait tous que cela dépasse légèrement les 10 pour cent à l’arrivée). Mais personne ne remet en cause l’Irlande et sa législation fiscale, complexe et opaque, avantageuse pour les entreprises qui cherchent à fuir (légalement) les services fiscaux de leur pays. Un dossier d’économistes de l’Université de Berkeley, de Californie et du Danemark révèle que les multinationales ont transféré en 2015 en Irlande 106 milliards de dollars, ce qui en fait le plus important paradis fiscal au monde pour les entreprises. Cela représente plus que le montant de l’évasion fiscale placé aux îles Caraïbes, à Singapour ou en Suisse. Ce sont des bénéfices engendrés ailleurs qui sont ensuite déplacés vers l’Irlande à des fins d'optimisation fiscales. Depuis les Paradise Papers de 2017, qui ont révélé comment les entreprises et riches individus cachaient leur argent à l’étranger pour échapper aux taxes, les universitaires économistes ont essayé de mettre en oeuvre une méthode pour mieux comprendre l’impact des paradis fiscaux à l'échelle de l'économie d'un pays. Ils ont commencé en faisant des comparaisons entre des profits engendrés dans un un pays avec l’importance de l’activité de l’entreprise. Si il y a beaucoup de profits mais peu d’activité, alors cela voudrait dire que quelque chose se passe. C’est le cas de l’Irlande. L’équipe de chercheurs s’est ensuite penchée sur le taux de profit des industries étrangères dans chaque pays sur l’année 2015 et a comparé la rentabilité du secteur de la firme avec chaque secteur local économique. Quand une grande opposition apparaît, cela signifie qu’il y a transfert de profits. La plupart des entreprises étrangères dans des non-paradis fiscaux avaient un taux de bénéfice de 30 à 50 pour cent, les rendant moins rentables que les secteurs locaux. Pour l’Irlande le taux de bénéfice était plutôt de 800 pour cent, les rendant alors beaucoup plus rentables que le secteur local. Mais que se trouve dans le panier fiscal irlandais ? Les nouveaux arrivants commencent avec 12,5 pour cent d’impôt sur les sociétés et certains peuvent même réduire ce taux en signant des compromis avec le gouvernement irlandais. Le pays profite aussi d’une stratégie de “prix de transfert”, les profits des entreprises sont transférés depuis des filiales où l’impôt est fort vers une juridiction où il l’est moins. En 2014 la multinationale Apple a par exemple employé cette méthode pour baisser son taux d'imposition à 3,7 pour cent sur ses 31 milliards de dollars de chiffre d’affaire. L’Irlande est le paradis fiscal le plus important et les Etats-Unis, le plus gros fugitif fiscal. Le pays a perçu plus de 277 milliards de dollars d’IDE ces vingt dernières années, cela représente plus que la Chine, l’Inde, la Russie et le Brésil réunis. Il s’y trouve plus de 700 compagnies américaines qui embauches plus de 100, 000 personnes. Qu’est ce que ces pertes sur les impôts signifient pour le gouvernement américain ? Selon des chercheurs, ce sont les plus petites entreprises qui payent le prix fort. Les multinationales ont les ressources et l’expérience nécessaire pour transférer leurs capitaux à l’étranger, contrairement aux PME qui se retrouvent à devoir payer le plus d’impôts.
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